LES OSSATURES MÉTALLIQUES

 

La coupole de l'observatoire de Nice

           

En 1884, intéressé par les qualités inventives de l'industriel de Levallois-Perret, le banquier mécène, Bischoffsheim confie à Gustave Eiffel le soin de réaliser la coupole de l'observatoire de Nice, mais Eiffel n'est pas seul candidat. Comment remporte-t-il le contrat ?

             

            Tout d'abord, le 21 mai 1881, un cahier des charges est envoyé à vingt constructeurs : sept projets sont déposés. Le projet Gustave Eiffel, jugé trop innovant, ne sera classé que deuxième ; il retient cependant l'attention de l'Amiral Mouchez et de l'architecte Garnier, qui s'insurgent contre la décision de la Commission. La polémique s'aggrave puis, sur l'initiative de l'Amiral Mouchez, le conseil de l'observatoire se prononce, le 10 février 1883, pour le projet de Gustave Eiffel. Ce dernier s'engage à garantir, durant dix ans, le fonctionnement de la coupole.

            Bischoffsheim, financier, propriétaire et maître d'ouvrages, choisit Garnier comme architecte et confie donc à Gustave Eiffel la construction du "grand équatorial" de 16 mètres et sa coupole. Garnier, pour rassurer les inquiets, réintroduit dans le projet d'Eiffel le procédé de roulement par galets, en gardant le flotteur annulaire. Cette solution a l'avantage d'offrir un système de rechange en cas de panne du flotteur annulaire. Le système de Gustave Eiffel est attrayant mais pose, en effet, deux problèmes : le premier concerne l'escalier d'observation, sur lequel se tiendra l'astronome : il doit en principe pouvoir se déplacer sur le plancher tout en se déplaçant avec la coupole. Escalier et coupole doivent, en effet, être liés l'un à l'autre. Le deuxième problème concerne le poids de la coupole : les 162 tonnes doivent être allégées mais il faut aussi éviter le risque de déformation ; Eiffel, par conséquent, supprime les frottements des pièces mécaniques en faisant flotter la coupole sur la cuve annulaire. Bien entendu, cette cuve est remplie d'un liquide approprié, le carbonate de potassium ; de ce fait, l'anneau inférieur de la coupole devenu rigide est indéformable ; le support n'est pas sensible aux éventuels tassements dans le mur car il est liquide. Eiffel trouve également une autre façon d'alléger la coupole en la construisant en acier.

            Le mouvement de rotation de cette coupole est effectué par une manivelle, mais il peut aussi être effectué par un mécanisme d'horlogerie qui a l'avantage d' opérer un tour en cinq minutes. L'escalier d'observation est articulé sur une plate-forme qui est montée sur des galets, ce qui lui permet d'effectuer un cercle de 4,50 mètres de rayon autour de la coupole. En cinq minutes, l'escalier monte depuis le sol jusqu'au sommet. Le système d'ouverture de la coupole stupéfie les contemporains par son modernisme : deux volets placés sur toute la hauteur de la coupole bougent de 1,50 mètre l'un de l'autre, laissant un espace libre de 3 mètres de largeur, sur toute la hauteur.                 

 GASCARD simon