LE PATERNALISME

Le paternalisme est la prise en charge des ouvriers par les patrons. Au Creusot se trouve-t-on en présence d'un paternalisme réussi ou d'un « fief du capitalisme écrasé par le poids de sa féodalité ? »
         Parallèlement à leurs idées de progrès et de civilisation, les Schneider attachent une grande importance à la vie sociale, notamment à l'habitat. Selon le grade des personnes, l'habitat est différent. En 1865, apparaît la première cité ouvrière avec des logements individuels. Les ouvriers sont logés derrière le parc de la Verrerie ; chaque famille a droit à 22 m² habitables. Les contremaîtres, quant à eux, possèdent 50 m² soit deux pièces. Les employés, de leur côté, détiennent 75 m²  habitables soit cinq pièces. Enfin, les ingénieurs sont favorisés avec un pavillon de 250 m² habitables soit douze pièces. Par ailleurs, les Schneider craignent pour leurs ouvriers et leurs employés les méfaits de la promiscuité ; aussi afin de les éviter leur offrent-ils à tous un jardin.
Grâce à Adolphe et Eugène Schneider qui ont construit en 1837 une école communale et industrielle, les enfants creusotins reçoivent une bonne éducation. On pourrait donc penser que c'est un paternalisme réussi.
Pourtant, en mai 1899, une grève se produit : les ouvriers réclament une augmentation de salaire et de meilleures conditions de travail. Ils obtiennent une prime pendant un temps, mais Eugène II décide de leur supprimer; en 1900, une seconde grève éclate et les premiers syndicats sont créés au Creusot pour les ouvriers ; on les appelle « les rouges » ; face à ceux­-ci, des syndicats appelés «les jaunes » se constituent
Les Schneider imposent aussi le culte de leur personnalité, en particulier dans les églises. Leurs portraits sont représentés près du Christ  sur les vitraux, Eugène apparaît en Saint Eloi et sa deuxième femme en Sainte Barbe (tous deux patrons des ouvriers de la métallurgie). C'est le patronat de «droit divin ». Dans la ville chacun des héritiers ayant dirigé l'entreprise est représenté par une statue. Ainsi les Schneider connaissent une prospérité industrielle qui n'a pas failli pendant 124 ans et qui aboutit à l'une des plus grandes puissances et des plus vastes organisations.

Priscilla et Cécile